Festival de la Plaine

Le désert du Sahara, pendant des millions d'années,  a connu les glaciers, les mers, les pluies et les fleuves impétueux, les grands territoires verts arrosés. Puis l'aridité est venue, laissant croire que l'eau n'était que gouttes ou puits, gueltas suintant  au creux des rochers ou puisées dans les oasis. Les hommes ont cru que ce territoire de sable, de pierre et de rochers offrait toute protection contre l'eau. Ils ont cru que jamais cet élément rare et bien caché ne serait leur naufrage.

Les esprits Djenouns ont voulu mettre un terme à cela. Quand la terre est aride, quand le plat du ciel est chaud, l'oued est un secours, seulement un secours, rien de plus.

Dans les oueds rocheux, pierreux, alors que des hommes étaient venus s'y abriter, les esprits ont laissé des pluies dévastatrices dévaler les versants mis à nu, s'engouffrant dans l'oued, balayant tout sur leur passage. Mais c'était pour disparaître peu après, absorbées par les bathas, ces lits de sable qui recouvrent l'oued. Les nomades du sud connaissent depuis longtemps ces dangers. Jamais ils ne se risqueront à établir leurs campements dans ces lieux  trop exposés. Les esprits Djenouns bienveillants de la vie y ont posé les limites...

La vie, cet équilibre fragile. Un fil tendu sur lequel nous posons le pied à notre naissance, sur lequel nous jouons les équilibristes, bousculés par des vents contraires, et c'est ça qui fait le jeu. Car la vie n'offre jamais de certitudes, juste des valeurs qui nous tirent vers l'avant. les Djenouns le savent bien. Et ils se jouent des vérités toutes faites. Et ils poussent les hommes à regarder la vie pour ce qu'elle est : complexe et belle, lointaine et proche, souvent cachée. Quand les Djenouns jouent, ils nous font regarder les mystères de la vie que parfois nous ne voulons pas voir.