Festival de la Plaine 2024 - "Le Monologue d'un Méchant" - Un spectacle puissant et habité
Le Monologue d’un Méchant
Création de Martin Guillemot et Yzïa Cornillon
Festival de la Plaine – Barges - 27 octobre 2024
Un spectacle puissant et habité
C’était le dernier spectacle du festival de la Plaine 2024 en clôture de trois journées intenses et riches en belles représentations. Et quelle clôture !
« Le Monologue d’un méchant » n’a en fait de monologue que son titre. Quand l’intitulé indique : jeu Martin Guillemot – mise en scène et régie Yzïa Cornillon, il est peu évident d’imaginer qu’une flopée de personnages envahira la scène tout au long de l’heure et quart de spectacle. Pourtant, à y bien regarder, Martin Guillemot était seul sur scène.
Librement inspiré du « Journal d’un condamné à mort » de Victor Hugo, l’histoire d’Yzïa Cornillon et Martin Guillemot entraîne le spectateur dans un tourbillon de jeu scénique où le manichéisme autour de la notion de méchant est balayé par le regard croisé de ceux qui évoquent cette tragédie. S’agit-il de l’inhumanité d’un humain ou de l’humanité d’un inhumain ? Surtout quand celui-ci laisse apparaître sa fragilité dans un dernier échange téléphonique avec sa mère, sans trop en dire, sans trop montrer, juste une carapace qui se fendille légèrement, sans mot, seulement dans un mouvement de tête, mais pourtant… Le spectateur a vu, a senti la cuirasse se fissurer au moment où la mort programmée va bientôt faire son œuvre.
L’histoire de cet homme condamné à la peine capitale (ce qu’on sait dés le départ) est disséquée à la manière du film « Anatomie d’une chute ». Ce qui paraît simple au premier abord, presque transparent devient de plus en plus opaque au fur et à mesure que se révèlent les détails de cette équipée mortifère, les rencontres avec ceux qui l’ont croisé, accompagné, interrogé. Le rythme est haletant. C’est comme une mise en abîme dont les échos retentissent en chacun de nous. Vie et mort s’entrechoquent, se questionnent. Le méchant est-il vraiment celui qui a tué ? La victime est-elle celle qu’on doit pleurer ? Où est le bien ? Où est le mal ? Si tant est qu’il y ait un bien ou un mal. Les certitudes sont bousculées.
Martin Guillemot, dans un jeu affiné de mouvements et de regards, donne l’impression d’installer ses personnages aux quatre coins de la scène, rien que par la volonté d’un corps très ancré et par les yeux qui fixent le protagoniste supposé juste en face. Les personnages, on ne les voit pas vraiment, pourtant on les voit, on les sent présents. On entend leurs mots, ceux qu’on imagine de leur part. Le comédien joue avec le champ et le hors-champ, avec le silence et le regard, avec la parole ciselée, directe et affirmée.
C’est une œuvre magnifique à découvrir si ce n’est pas encore fait, à redécouvrir pour le plaisir.
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