Escales de Saint-Nazaire 2008
Un port. Une ville-port. Une base sous-marine d'un temps de guerre. Des quais où accostent des bateaux de pêche. Des cales pour la construction de navires de croisière, de pétroliers ou de cargos. Une ville port, escale des musiques du monde depuis 17 ans. 2008. Mali, Guinée, Sénégal, Nigéria, Cap-Vert, USA, Argentine, Brésil. C'est le cadre des Escales de Saint-Nazaire, à l'extrémité de l'estuaire de la Loire. Deux jours de musique. Une vingtaine de concerts. Une participation record : 40000 spectateurs sur les deux jours.
A quelques encâblures du pont qui enjambe l'estuaire pour relier Bretagne et Vendée.
Un festival.
Des têtes d'affiche : Dee Dee Bridgewater, Charlélie Couture, Sonic Youth, Alpha Blondy.
Des artistes qui montent : Asa, Vieux Farka Touré.
Des découvertes en Europe : Ramiro Muzotto et l'Orchestra Sudaka, Antibalas, Nervous Cabaret, Balkan Beat Box
Des musiciens d'expérience : Fred Wesley, Pee Wee Ellis, des anciens qui avaient joué avec James Brown.
Des groupes locaux : Agua da Boca, de la région nantaise, d'inspiration brésilienne.
Mais aussi des absents de choix parce que la France leur a refusé leur visa, en rapport aux nouvelles lois qui restreignent les droit d'accès au territoire national, ce qui touche inévitablement les artistes des pays du sud : Konono n°1, le congolais par exemple.
Malgré tout, il y a de quoi faire le tour du port, de scène en scène, comme on fait un tour de monde entre Afrique et Amérique. Le tout épicé par des images nocturnes de New-York projetées sur les murs des hangars, sur l'ancienne forteresse allemande de la seconde guerre mondiale, sur les immeubles du voisinage. Ajoutée à cela, la balade des marionnettes géantes de la famille africaine par la Compagnie des Grandes Personnes.
Les Escales forment un Festival à part par le cadre et la programmation, par l'inattendue impression de décalage joyeux entre une architecture portuaire marquée par l'histoire et la guerre et par les voyages qu'inspirent la musique.
Le Festival 2008 s'ouvre sur deux axes :
"USA - Escale New-yorkaise" et "Escales Transes-Atlantique". Le premier c'est l'ouverture aux sons électriques et underground de New-York entre rock-punk et jazz-fusion. Le deuxième, c'est la musique colorée d'afrique et du Brésil, surtout l'afro-brésilien où la samba cotoie les percussions du continent noir.
Vieux Farka Touré aux Escales de Saint-Nazaire le 8 août 2008
Vendredi soir démarre avec Vieux Farka Touré, un jeune guitariste de 30 ans, fils du légendaire Ali Farka Touré disparu en 2006. C'était le chantre du blues malien dont le titre "Aïdu" a été entendu dans la BO du film "L'Auberge Espagnole". D'ailleurs le fils reprend le morceau du père. La filiation est bien là. L'atmosphère aussi. Blues électrique et voix chaude de l'Afrique. Ambafo Doni Doni Ayoubamé Doni Doni. Le public aussi peut chanter.
Vieux Farka Touré Dee Dee Bridgewater
Voix chaude comme plus tard, sur la grande scène Kabiné Kouyaté, le guinéen accompagnant Dee Dee Bridgewater pour un voyage initiatique aux origines maliennes de la chanteuse américaine. Djarabi et les chants d'amour. Avec Mamani Keita, sa voix haut perchée et son corps d'africaine qui danse. Et des musiciens du pays comme d'autres du Sénégal, aussi d'Argentine, des USA, de France, de Suède. De toute beauté. Beaucoup d'émotion dans ce voyage musical vers l'Afrique, vue d'une Amérique humble et se voulant redevable. Rencontre de continents, rencontre de vies.
Ramiro Musotto
Puis, de scène en scène, on plonge dans l'atmosphère survoltée de Ramiro Muzotto le percusionniste argentin et son orchestre Sudaka du Brésil. La musique traditionnelle brésilienne se donne une nouvelle jeunesse avec les sons du futur. Au détour d'une autre scène, on découvre Balkan Beat Box, puis Antibalas.
Antibalas
Les uns électrisent les musiques de l'est, tandis que les autres, new-yorkais aussi, suivent les traces multiculturelles du jazz nigérian de Fela Anikulapo Kuti. C'est fun et ça danse. L'underground de la Grosse Pomme sait se faire plaisir.
Charlélie Couture
Voyageant entre New-York et la France, Charlélie Couture propose un concert rock aux sons lourds, d'anciens titres revisités aux riffs américains mais qui gardent la poésie et l'âme qu'on leur connaît. Sur les coups de deux du matin, on quitte le port, accompagnés par la musique déjantée de Nervous Cabaret dont la rythmique basse - batterie offre aux cuivres un tapis costaud pour du punk balkanique, jazz fou, et voix sauvage.
Le samedi soir débute avec Asa (prononcez (Asha). Cette jeune chanteuse de 25 ans née à Paris est originaire du Nigéria où elle a vécu durant son enfance et son adolescence. Elle illumine la scène de sa présence et de son tempérament. Son nom de scène signifie en yoruba : "petit faucon". Son véritable nom est Bukola Elemide. On la compare souvent à Tracy Chapman, par sa musique et les thèmes de ses chansons, du soul-folk avec une base rythmique plus marquée en concert que sur le CD. Moment magique et envoûtant. Des textes qui parlent d'amour et de justice, de liberté, de paix et d'autres vies possibles. Magnifique.
Asa en concert aux Escales de Saint-Nazaire le 9 août 2008
Avec Sonic Youth, c'est le retour au rock new-yorkais des années 80. Le groupe a marqué l'histoire de cette musique par ses disonnances et ses distorsions, portées en objets d'art musical. Il a inspiré bien des groupes par la radicalité qu'il propose. Son énergie est toujours présente, le son puissant au point même qu'il résonne dans l'enceinte du New-York Village (hangar fermé qui sert d'accueil au centre de documentation et à de petits concerts plus intimistes, Herminia par exemple, la cousine capverdienne de Cesaria Evora).
Alpha Blondy et son reggae ivoirien de combattant rassemblera la grande foule au pied de la scène principale. Musique militante. Le chanteur, ambassadeur de de l'UNESCO, offre au public une musique dansante, réjouissante qui ne laisse pas indifférent, qui veut réveiller les consciences, qui pointe du doigt les injustices de ce monde, dans son propre pays et dans les déséquilibres entre le nord et le sud, avec la simplicité des mots de l'Afrique.
Alpha Blondy
Ben Wesley et Pee Wee Ellis redonnent le goût du funk, de la soul et du Rhythm 'n' Blues. Avec les cuivres, l'esprit et le grooove sont là. Il ne manque que James Brown.
Une nouvelle fois, Nervous Cabaret clôturera la nuit. La même énergie que le veille.
Bye Bye Saint-Nazaire. A l'année prochaine !
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