Festival de la Plaine

Festival de la Plaine

Escales de Saint-Nazaire 2013

FESTIVAL des ESCALES DE SAINT-NAZAIRE 2013

 

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Ce fut une superbe édition, riche en groupes confirmés et en découvertes, réunis une nouvelle fois sur le port de Saint-Nazaire. Comme toujours, ce décor de guerre du passé (la base sous-marine allemande de la Seconde Guerre Mondiale), de port industriel et de bateaux de pêche donnait une sensation extraordinaire de décalage et de voyage sur fond d’estuaire et de grand pont à haubans.

 

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Ajouté à cela le décor Tucson - Arizona, et de suite, les spectateurs étaient plongés dans un univers iconoclaste profondément dépaysant, à ne plus savoir, l’espace de quelques heures, où nous nous trouvions.

 

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Escales 2013

 

De la Scène du Port à celle de l’Estuaire, en passant par la Grande Scène du parc des Expositions, par le Cactus Club et le Caliente Club, il y avait de quoi satisfaire sa curiosité musicale, d’autant plus que la programmation proposait un voyage international à partir de la riche scène musicale de Tucson (Tom Walbank, Brian Lopez, Gabriel Sullivan, …).

On pouvait ainsi croiser au hasard (ou pas) la route d’Asaf Avidan (Israël), Juan Carmona (Flamenco espagnol), Amparo Sanchez (Espagne), Goran Bregovic, star des Balkans et musicien des films d’Emir Kusturica), Mulatu Astatke, le jazzman éthiopien, Earth Wind and Fire pour un concert de funk effréné, Steel Pulse, les reggaemen engagés de Birmingham et du quartier d’Handsworth, Amadou et Mariam, le duo malien aveugle célèbre depuis son famuex « Dimanche à Bamako », Skie & Die, du hip hop électro d’Afrique du sud et des Pays-Bas (Eh oui ! C’est possible ! La preuve !), Roberto Fonseca, le fabuleux pianiste cubain, virtuose du jazz, Shibusa Shirazu Orchestra, un groupe japonais de funk-jazz fusion complètement déjanté et fascinant, et d’autres encore qui nous ont fait passer par le Mexique, New-York et la Belgique (avec les DJ du Caliente Club), bref un grand tour du monde musical sur les quais et dans les hangars du port de Saint-Nazaire.

 

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JUAN CARMONA

 

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Lui aussi est un virtuose. Sur la Scène de l’Estuaire, le guitariste a proposé un flamenco-jazz de haute tenue, accompagné de son groupe, avec taclas, flûte traversière, contrebasse, percussions et batterie. Le public était baigné dans une belle atmosphère chaude hispanique sur fond de goélands au-dessus des eaux de l’estuaire à la nuit tombante. Le concert dégageait beaucoup de passion pour un public attentif, touché et conquis. C’est une vision moderne et élaborée du flamenco musical et dansé, restant ancré dans ses racines, tout en s’ouvrant à l’esprit du jazz, avec des solistes exceptionnels (guitare, flûte, contrebasse et percussions).

 

Juan Carmona - Escales 2013

 

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TOM WALBANK

 

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Il était le premier de la bande de Tucson à faire le show. Sur la petite scène du Cactus Club, en intérieur, Tom Walbank a proposé un concert blues-rock en duo avec son batteur. Des riffs appuyés, des reprises énergiques de Muddy Waters, John Lee Hooker ou Jimmy Reed. Sa voix chaude et presque éraillée sonnait parfaitement avec sa musique noire. Etonnant contraste avec la jeunesse du personnage. Dans le décor de Tucson-Arizona, on se serait cru dans une boîte nocturne des States. Ses riffs puissants donnaient une énergie neuve aux vieux blues des années soixante. Tom Walbank est un musicien souriant et jovial, visiblement heureux d’être là, sur une scène des Escales de Saint-Nazaire.

 

 

Tom Walbank - Escales de Saint-Nazaire 2013

 


Tom Walbank - Escales 2013

 

AMPARO SANCHEZ

 

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Sur la Scène du Port, face à la base sous-marine, cette fameuse chaleureuse a entraîné le public dans un univers musical hispanique, proche de celui de Manu Chao. Normal, me direz-vous, elle a joué avec lui de longues années avant qu’on la convainque de tenter sa chance en solo, au vu de son talent. Ce passage est complètement réussi. Elle possède une grande présence scénique pour un concert avec beaucoup d’intensité et d’émotion. Beaucoup d’authenticité dans cet univers musical ensoleillé.

 

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ASAF AVIDAN

 

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Son dernier album l’a fait connaître du grand public et c’est la raison pour laquelle il était programmé sur la Grande Scène du Parc des Expositions. Asaf Avidan propose un univers musical folk-pop-rock élaboré avec des morceaux à l’écriture léchée. Il possède un art de la scène évident avec une grande présence presque hypnotisante, notamment grâce à sa voix hors-norme reconnaissable entre mille. Il recherche le lien émotionnel avec le public jusqu’à partir à sa rencontre pour s’enserrer avec quelques personnes du premier rang. Parfois surgissent des impressions de musique yiddish même si l’ensemble est plus proche d’un rock esthétique et affiné.

 

 

Asaf Avidan - Reckoning Song - Escales de Saint-Nazaire 2013

 

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GORAN BREGOVIC

 

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Beaucoup de monde avait entouré son nom sur le programme. Il était attendu et la scène du port affichait déjà presque complet avant même le début du show, car, effectivement, c’en fut un.

Le démarrage  a mis directement dans l’ambiance avec son fameux « Gas Gas Gas » qui donna le tempo festif et jouissif (émotionnellement parlant évidemment) de ce concert. En quelques secondes, la foule amassée devant la scène s’est mis à danser et sauter sur place, reprenant le refrain avec entrain. Des milliers de personnes survoltées. Impossible de résister à cette musique faite pour danser. L’univers slave et tsigane électrifié de Goran Bregovic est fait de chaleur humaine, d’énergie festive. Il y avait une très grosse affluence devant la scène du port qui n’a pas désempli, bien au contraire. La rumeur et l’enthousiasme ont créé un mouvement d’aspiration en provenance d’autres lieux du festival. Un très grand moment des Escales 2013.

 

Goran Bregovic "Presidente" - Escales 2013

 

EARTH WIND and FIRE

 

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C’était bien évidemment la grande attraction des Escales 2013. Tout le monde a écouté au moins une fois, et dansé sur « Let’s groove », « September », « Fantasy », « Boogie Wonderland ». Même sans connaître le nom des titres, ces morceaux sont devenus des standards du funk, reconnaissables dés les premières notes.

Eh bien, ils étaient bien là sur la grande Scène du Parc des Expositions, les chanteurs et musiciens de EWD dans un big show à l’américaine, chorégraphié et hyper professionnel. Ils sont accompagnés d’Al McKay à la guitare. Une section de cuivres aguerrie et de haute qualité avec entre autres, un ancien des Doobie Brothers.

Après plusieurs bons funks plus électriques en live, issus de leur dernier album paru en 2013, ils enchaînent sans interruption une série de hits qui se termine par « September » repris en chœur par la foule immense agglutinée devant la scène. Il ne manque plus que « Let’s Groove ». C’est la fin du concert. De partout, à grands cris, il est réclamé un rappel. Les voilà qui reviennent. Un premier titre puis enfin, comme une libération, les premiers sons de « Let’s Groove ». Le public réagit illico par de grandes clameurs, au plus fort du plaisir. Et c’est parti pour une version soutenue par une batterie puissante et la guitare électrique d’Al Mckay, reprise par les spectateurs au summum du bonheur. Ça chante et ça danse. Pour certains, cela paraît presque incroyable de voir en chair et en os ce groupe qui a fait danser les foules dans les années 80-90.

Earth Wind and Fire n’a rien perdu de son énergie funk-soul avec quelques pointes de jazz. Superbe.

 

Intro Concert Earth Wind and Fire - Escales 2013

 

 

Earth Wind and Fire - Medley - Escales de Saint-Nazaire 2013

 

Earth Wind and Fire - "September" - Escales 2013

 


Earth Wind and Fire - Boogie Wonderland - Let's groove - Escales 2013

 

 

Earth Wind and Fire aux Escales 2013 - Final du concert

 

 

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SHIBUSA SHIRAZU ORCHESTRA

 

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Voilà la véritable belle découverte et belle surprise de ce festival ! Un groupe de japonais complètement déjantés. Une musique de fusion funk-jazz endiablé mêlant musique, fantaisie,  danseuses kitch, danseurs butô, solos de free-jazz et grand délire chorégraphique. Un show quasi improvisé dans un univers baroque. On perçoit fortement le jazz et le funk comme on voit s’insinuer le ska au milieu de danseuses à perruques flashy et d’autres aux longs cheveux rigides en forme de chapeau de fée d’un monde apocalyptique battant la mesure avec d’énormes bananes en guise de mains. Un concert inclassable et fascinant, à voir presque plus qu’à écouter. C’était un spectacle total et atypique avec un chef d’orchestre à l’air faussement hagard. Une sorte de Serge Gainsbourg japonais à la chemise pendante et à l’allure dégingandée. La section de cuivres est dominante parmi les musiciens et très performante. Les différents solos montraient un niveau musical particulièrement élevé. Quatre percussionnistes-batteurs complètent cet ensemble hors du commun. Les femmes y sont nombreuses, entre autres parmi les instrumentistes. On pense à une revue de cabaret proche du chaos, mais un chaos festif et jubilatoire, comme une ultime fantaisie délurée avant la fin du monde.

Le lendemain, au stand de vente de CD, un homme a demandé s’il y avait des disques de « ce groupe de japonais complètement barrés ». Lors du concert d’Amadou et Mariam, une spectatrice s’était inspirée des danseuses à bananes du Shibusa Shibazu Orchestra. Grande chevelure verticale rigide et mains courgettes à la place des bananes. Un groupe à découvrir absolument.

 

 

Shibusa Shirazu Orchestra à Saint-Nazaire - Août 2013

 

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MULATU ASTATKE

 

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Ce percussionniste, xylophoniste, compositeur, arrangeur, Mulatu Astatke est un des géants de l’éthio-jazz. Ce musicien éthiopien virtuose propose des morceaux très longs qui emmènent aux portes de la transe grâce à un groupe de haute tenue. La section de cuivres (deux musiciens : trompette pour l’un, saxo et flûte traversière pour l’autre) forme un duo d’experts comme le contrebassiste  qui utilise même le violoncelle dans le même registre d’accompagnement. Les percussions (batterie et congas) et le xylophone ajoutent à ce retour aux sources d’un jazz africain. Le public ne s’y est pas trompé, presque envoûté par les compositions de ce vieil homme qui a commencé sa découverte du jazz dans les années 60 à Boston aux Etats-Unis. Son talent consiste aussi à savoir s’entourer et permettre la mise en valeur de chacun des musiciens qui sont tous des virtuoses de leur instrument. Magnifique.

 

 

Mulatu Astatke - Escales 2013

 

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OXMO PUCCINO

 

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Abdoulaye Diarra alias Oxmo est un poète du Hip hop. On le considère comme le Jacques Brel de cette musique. Soutenu par des musiciens au son puissant (batterie, basse, guitare électrique, que des instruments de musique), il égrène sa poésie urbaine par une présence forte sur la Scène du Port. Lui-aussi était attendu par le public de connaisseurs qui l’accompagnent de la voix. On sent une proximité évidente entre le chanteur et les spectateurs sur une rythmique électrique vigoureuse. Un show impressionnant.

 

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AMADOU ET MARIAM

 

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Ils se sont fait connaître du public français par leur célèbre morceau « Les Dimanches à Bamako » sur l’album produit par Manu Chao (Tiens ! On reparle encore de lui). Les deux maliens et leur groupe proposent un rock malien électrique et dansant, notamment sur la version live des « Dimanches à Bamako ». De quoi soulever l’enthousiasme de la foule, en nombre devant la Grande Scène du Parc des Expositions.

Amadou même aveugle sait entretenir le lien avec le public par sa musique dansante évidemment, mais aussi par ses apostrophes régulières aux spectateurs à l’image des griots. Mariam est plus effacée mais sa voix complète à merveille celle d’Amadou. Les solos de guitare de ce dernier montrent un esprit rock affuté. Un beau concert ensoleillé.

 

Amadou et Mariam à Saint-Nazaire

 

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ROBERTO FONSECA

 

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Ce pianiste cubain surdoué joue de son piano avec une maîtrise absolue lui permettant des improvisations incroyables grâce à la rapidité de ses doigts sur les touches. L’instrument lui obéit au doigt et à l’œil, même si Roberto Fonseca semble ne jamais le regarder. Il apparaît comme un Jerry Lee Lewis du jazz. La musique devient jeu comme dans cet échange entre le piano de l’artiste cubain et la kora de Chérif Soumano. Son jazz est mâtiné de rythmes latinos et africains.

Sur la Scène du Port, il semblait que le concert était un amusement savant tant le groupe prenait plaisir. Les morceaux passaient de l’émotion pure des petites touches du piano à l’énergie virtuose d’un groupe qui captive son public. Très impressionnant.

 

Roberto Fonseca - Live in Moscow

 

BRIAN LOPEZ

 

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Représentant de la scène musicale de Tucson, le jeune guitariste a chanté ses ballades rock électriques, le stetson sur la tête.  Sur la Scène de l’Estuaire, le public nombreux a savouré ces chansons qui rappelaient l’univers de l’Amérique, un peu à l’image du vieux Tucson des westerns de notre enfance.

 

 

Brian Lopez - Escales de Saint-Nazaire 2013

 

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STEEL PULSE

 

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Steel Pulse est toujours là. Ce groupe de reggae de Birmingham (quartier d’Handsworth, célébré dans leur premier grand succès « Handsworth Revolution ») parcourt le monde depuis plus de trente ans. Engagé depuis leurs débuts dans la lutte pour l’égalité et la justice entre les hommes, leurs titres témoignent de ces combats : « Klu Klux Klan », « Babylon the bandit », etc… Certains sont devenus des standards du reggae comme « Steppin’ out » repris par un public heureux à Saint-Nazaire : « Steppin’ out (…) Abracadabra / Catch me if you can... ».

Ça  se déhanche à fond devant la Grande Scène du Parc des Expositions. Du reggae à la rythmique puissante (batterie et basse), des riffs de guitare aussi, des notes appuyées du clavier.

Steel Pulse a conservé toute sa jeunesse d’esprit malgré les ans et le public français lui est resté fidèle. Un beau concert fidèle aux prestations des années 80-90.

 

Steel Pulse - Escales 2013

 

Au rendez-vous des Escales, on trouvait aussi les Mariachi Luz de Luna (Mexique), Chicha Libre (fusion pop-rock de New-York), Skie and Die (hip hop electro d’Afrique du Sud et des Pays-Bas), Chicha Dust, de la scène de Tucson, et quelques autres encore…

 

Au bilan, la 22ème édition du Festival des Escales restera dans les mémoires comme un très bon cru. Un bémol cependant : la renommée de ce festival et ses 35 000 spectateurs, même si elle demande une structure d’accueil et de sécurité à la hauteur, amène aussi à des mesures sans doute regrettables comme l’impossibilité de s’approcher de certaines scènes au moment des balances (la Scène du parc des Expositions par exemple), unique occasion d’être dans un lien simple et de proximité avec les musiciens. D’autre part, nouveauté cette année, l’interdiction d’appareils-photos de gros gabarit (avec zoom puissant), de toute évidence pour ne pas faire de concurrence avec les photographes professionnels qui officient avec leurs badges officiels devant les scènes. C’est d’autant plus regrettable que la plupart des spectateurs qui possèdent des appareils de ce type le font en premier lieu pour leur propre plaisir, n’en font pas de commerce, et donc ne gênent en rien les professionnels qui eux, en plus, ont un accès garanti juste devant, sur le passage protégé et gardé par des vigiles, entre les barrières et la scène. 

 

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12/08/2013
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