Voix d'eau dans la nuit bargeoise - Festival de la Plaine 2022
Voix d'eau dans la nuit bargeoise
Mirant la plaine bargeoise à la nuit tombée,
Devinant la Saône comme un songe sur l’au-delà de l’horizon,
Je sentais d’autres voix d’eau en écho telle une vague irrépressible.
Pas l’élan déferlant de gouttes, au long du longiligne lit de terre
Qui se creuse depuis la source primitive
Mais cet animal liquide gigantesque qui se joue des continents
Les forgeant dans la patience des millénaires,
Lui, l’enfant démesuré du ruisseau.
Des voix sans nom, juste des visages aux yeux bavards
Qui me faisaient face une heure durant
Dans un voyage temporel où se mêlaient les âmes vagabondes
« Mer, je respire ton étendue bleue. » disait l’une,
Quand l’autre facétieuse jouait des mots
A la mode d’un Renaud de circonstance
« C’est pas toi qui sens la mer, c’est la mer qui te sent
Parce que la mer t’hume... »
Faussement compatissante, une troisième se prenait de pitié
Pour les poissons proies
« Quand la mouette crie en voyant le chalutier,
La sardine prend peur de finir à la criée. »
Facétieuse, une autre imaginait en métaphore grandiloquente…
« La mer, c’est une grande baignoire
Où le soleil, tous les soirs, vient y prendre son bain
Avant de se coucher. »
Puis surgit l’incommensurable…
« Quand je vois la mer, je devine une puissance infinie
Ainsi qu’un monde inconnu
Qui peut se montrer aussi beau qu’effrayant.
A mes yeux, elle est les deux, belle et effrayante. »
« Je vois un reflet de mes émotions
A la fois calme et à la fois destructrice. »
« Je vois la profondeur des âmes, leurs joies et leurs chagrins
Qui se projettent et se mêlent
A l’immensité de nos vies et de nos pensées. »
« C’est un instant de grâce
Un apaisement qui rend la beauté de notre être. »
Puis l’océan se mit à danser en houle incertaine
Captant d’autres tonalités
dont les mots tourbillonnaient sans fin
« C’est une respiration, le flux et le reflux,
Quand je danse la mer
Je ressens l’infini loin au dehors
Mais aussi loin au-dedans de moi. »
C’était l’existence toute entière qui surgissait
Comme une évidence indiscutable
« La mer, c’est la naissance de la vie,
ma connaissance du possible.
Cela éloigne mes souffrances et explique mes croyances
Dans la puissance de la nature. »
L’océan oubliait les limites confortables
Et invitait vers son invisible versant
« Je ne rêve pas à la mer, mais elle me comble
Quand je la vois, elle élargit mon horizon et calme ma soif de vie »
« Quand la mer, au loin, rencontre le ciel et les étoiles, la nuit venue,
Alors le paysage ne fait qu’un. »
Tout se réunit alors dans la paix mélancolique du crépuscule
Attendant l’aube pour un nouveau périple
« Regarder la mer et les paquebots à l’horizon
Partant et revenant de destinations inconnues, sûrement lointaines,
Est, pour moi, le plus serein des moments,
Le plus apaisant des voyages. »
Au loin et au plus profond
Tel ce dernier souffle
qui cherchait l’invisible rêvé
« Face à la mer
C’est l’impérieuse envie,
la nécessité d’enfiler masque et tuba
Pour voir, admirer, se réjouir,
Hors du temps,
De tout ce qui vit sous la surface. »
Dans la nuit étoilée de la plaine bargeoise,
L’océan se retirait peu à peu de mes pensées.
Puis, dans une dernière errance véhiculée,
Je repartais vers un sommeil sans doute nécessaire,
Bercé de mille images d’une plaine
Qui avait passé trois jours en festival…
(Texte inspiré de toutes les contributions
Des personnes présentes au Café Littéraire
lors du Festival de la Plaine - Barges 23 octobre 2022)
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